La flambeuse sous addiction
Lee voulut s’emparer des lèvres d’une Emma en fusion. Cette dernière l’évita et se recula tout en gardant ses mains en contact avec cette peau fine et particulièrement tentante. Les yeux de la Japonaise ne cessaient de bouger de sa bouche aux yeux enflammés d’Emma en attente du bon vouloir de l’incendiaire.
Un autre pas, elles ne se touchèrent plus. Emma marcha vers le canapé et avec volupté, elle défit la fermeture éclair de sa robe devenue bien inutile. Tout en la retenant, elle la fit tomber sur cette moquette si douce, passa un pied par-dessus puis l’autre. Un simple geste parfaitement exécuté pour que son fessier, se balançant avec grâce de droite à gauche, fasse tourner les sens bouillonnants de cette fille qu’elle se devait de convaincre.
Ses talons aiguilles restèrent campés à ses pieds aux ongles aussi rouges que ceux de ses doigts envoutants. Toujours avec son serpent arpentant sa cheville. Ses six centimètres de plus lui permettaient de montrer le galbe de ses jambes si parfaites de son avis. Elle se courba en avant, laissant apparaitre son sexe mouillé à la vue d’une Lee qui suivit la dame de très près. Comme envoutée. Elle était envoutée à n’en pas douter.
La belle féline asiatique en déglutit. Ce n’était point la première fois qu’elle forniquait avec des dames, peu importait son origine. Mais elle, elle, mon Dieu, elle ! Elle souhaitait presque de ne pas être tombée amoureuse d’une femme comme Emma. Elle. Elle, mon dieu, elle !
Emma s’assit sur la moquette, dos au rebord du canapé. De son index, elle lui fit signe de venir à elle. Lee, toujours habillée de son pantalon blanc, prit le temps de retirer ses chaussures haute couture et se plaça face à cette nudité assourdissante.
La brune à la peau laiteuse se mit à genoux au niveau du bas ventre de Lee, tout en la fixant d’un œil avide de la posséder. Emma s’en mordait la lèvre inférieure en montrant un sourire appréciateur. Avec lenteur, elle glissa la fermeture du pantalon de son amante jusqu’à faire apparaitre le string blanc. À première vue, la Japonaise n’était point poilue.
C’est alors qu’elle agrippa les deux côtés du vêtement et le fit descendre jusqu’à mi-cuisse, entrainant dans son sillage le string affriolant. Son odorat sut que Lee mouillait autant qu’elle et les traces dans le fond de ce dernier lui donnaient raison.
A la surprise de Lee, Emma posa sa joue sur le côté de sa cuisse droite et plaqua sa main sur sa fesse. Ses ongles s’enfoncèrent non loin de son tatouage. Deux cœurs entremêlés représentant l’amour de deux femmes, entourés d’épines. Et d’une hirondelle volante au-dessus d’eux. L’amante à ses pieds pouvait le voir grâce à ces multitudes de miroirs qui décorait la pièce.
Étrangement, ce tatouage déplut à Emma. Par vengeance et pour en oublier la signification, elle recula d’un coup pour s’adosser de nouveau au canapé. Toujours les fesses sur la moquette.
— Déshabillez-vous et montez sur le canapé. Vos cuisses de chaque côté de mon visage, je veux vous gouter !
Devant la dureté de cet ordre, l’instinct de Lee lui dicta de se mettre à nue. Elle lui avoua avec une franchise presque timide :
— Le deuxième cœur n’appartient à personne… pas encore !
La jalousie inappropriée qui se lisait dans les prunelles d’Emma disparut au profit de cette passion débordante qui ne demandait qu’à exploser. Cette réponse parut satisfaisante pour le moment.
Emma, la tête rejetée en arrière contre le canapé, attendait son offrande avec impatience.
Lee, le ventre en feu, se plaça au-dessus de son visage après avoir retiré ce pantalon encombrant. Ses doigts se crispèrent soudain sur le dossier en velours lorsqu’un tout petit baiser toucha son intimité. Un simple et doux baiser. Lee baissa son regard entre ses jambes en retenant presque sa respiration. Encore un baiser. Puis le long de ses cuisses, des caresses ou plutôt des griffures se firent ressentir. Tout son corps tremblait. Pourtant, des gestes aussi banals ne devraient pas la mettre dans cet état si tôt ? Sans doute, ces semaines de patience pour appâter cette femme mariée eurent raison de sa fébrilité à son égard. Elle craignait même la réaction de son associé s’il apprenait sa trahison. Tomber amoureuse de sa proie, quelle hérésie.
Une pensée furtive, vite oubliée par cette langue aventureuse qui amadouait son antre avec une facilité déconcertante. Ses ongles s’agrippaient au coussin, encore. Mon Dieu que cette bouche qui aspirait ses lèvres dans un long moment de succion crispait ses muscles au point de faire jaillir un gémissement incontrôlé. Sa main droite saisissait la chevelure d’un noir parfait pour la sentir davantage contre elle. Un étrange baiser passionné se dessinait entre ses cuisses. Ses hanches se mirent à danser au rythme des coups de langue de sa partenaire. Une valse effrénée qu’elle ne pourrait arrêter même si elle le désirait. Croyez-vous qu’elle le souhaitait ? Le souhaiteriez-vous ?
Son dessert, ainsi Emma le concevait. Un dessert qu’il lui plaisait de manger si ce n’était de boire jusqu’à la dernière goutte. Ô oui ! Ô oui ! elle savourait ce moment avec délectation. Ce trésor en feu lui dévoilait tous ses secrets et cette nuit, ne serait pas la dernière pour se régaler à nouveau. ». C’était une obligation.
La jouissance s’entendit, Emma s’en remplit d’orgueil. Elle guida Lee tremblante sur ses cuisses maintenant faibles de cette extase. Leur bouche fusionna dans un déchainement de passion. Leurs mains se caressèrent farouchement, jusqu’à ce qu’elles trouvent l’intimité mouillée de l’autre. Dans un mouvement de va-et-vient cadencé par le plaisir réciproque, elles se masturbèrent durant de longues minutes. Le front de Lee se réfugia dans le creux de l’épaule d’Emma, qui murmurait à son oreille des soupirs d’extase à peine contenus. Leurs corps bougeaient en parfaite harmonie. Le dos de Lee se gratifia de griffure désirée par sa belle incendiaire.
— Embrasse-moi gémis Emma aux abois.
Leurs langues reprirent cette danse gourmande devenant plus carnassière. Les dents de la mariée cocufiante mordit la lèvre inférieure d’une féline asiatique qui n’en souhaitait pas temps. Elle en voulait plus, toujours plus. Emma tira sur cette chair à l’en faire saigner un peu. Quelques gouttelettes. Le gout du sang n’empêcha pas ce qui suivit.
Un râle.
Un soupir d’extase.
— Je t’aime !
Dans les bras l’une de l’autre. Cet aveu coupa ce moment à peine abouti. Elles ne se voyaient pas, ne bougeaient plus. Cette phrase, ces mots donnèrent l’impression d’arrêter le temps. Lee s’apercevant son erreur déclara avec hâte :
— Oubliez mes dires ! C’était dans le feu de l’action.
Emma mit ses mains sur le ventre de cette dernière pour la repousser doucement, sans brusquerie. Elle ne parut pas plus gênée que cela. Moins que Lee qui n’osait pas poser ses yeux sur elle.
— D’accord. Je vais prendre une douche et y aller. Mon mari doit me téléphoner à une heure précise et je n’aimerais pas qu’il me surprenne à gémir dans les bras d’une inconnue.
Lee resta silencieuse, perturbée par ces derniers mots, alors elle s’écarta pour la libérer de son entrave involontaire. Qu’elle regrettait ce « je t’aime » irréfléchi. Elle supposait avec raison que d’autres femmes, voire des hommes, qui sait, lui soufflaient cette ineptie.
Elle entendit l’eau couler dans la salle de bain. En attendant le retour de sa magnifique envouteuse sur le point de la fuir, Lee mit un peignoir de fort belle qualité. Blanc, doux. Un piètre réconfort. Que faire pour rattraper sa bêtise ? Son associé l’avait prévenu de ne pas mélanger le plaisir et le travail. S’il savait, elle risquait gros. Sans cet argent, ce sont des chaussures en béton qui orneront ses pieds. Pourtant, il lui fut impossible d’imaginer Emma comme une de ses victimes, elle voulait tellement plus.
Un verre de scotch englouti. L’eau arrêta de couler.
Le liquide alcoolisé tournait et tournait dans ce deuxième verre. La porte s’ouvrit sur une Emma magnifiée par ses cheveux mouillés et cette robe réellement sexy.
Lee posa le verre sur la table basse et prit l’initiative de voler un baiser à son amante d’un soir. Elle espérait de plusieurs. Emma le lui rendit passionnément.
Comme elle sentait bon la vanille !
— Je veux vous revoir Emma. Ne laissez pas ma bêtise nous éloigner.
Le front d’Emma se baissa légèrement, comme pour se donner le temps de la réflexion. Lee y déposa un baiser en priant que sa belle lui répondrait : nous nous reverrons.
Au lieu de cela, Emma quitta cette promiscuité pour reprendre son sac, son téléphone et parcourut le peu de distance qui la séparait de la porte. En silence.
Pour dire la vérité, Emma Durieux espérait une chose. Une seule action qui lui permettrait de connaitre la sincérité de Lee. Et l’Asiatique exauça son vœu. Elle referma la porte à peine entrouverte en l’embrassant dans ce cou offert par choix. Lee lui susurra :
— Donnez-moi une autre chance. Je veux vous revoir.
Elle fut appâtée !
— Ne dites pas de bêtise, nous retournons à New York en fin de semaine.
— Il vous reste alors deux jours pour me tester. Vous me plaisez follement Emma.
Madame Durieux retira la main qui lui barrait le passage et l’ouverture de la porte. Elle sortit, mais avant de partir de cette chambre témoin de leur ébat, elle lui déclara :
— Vous avez mon numéro de téléphone ! Et je détiens votre hirondelle…
Elle termina ainsi, en la quittant sans se retourner. Toujours le séant se mouvant avec sensualité. Un message subliminal à l’intention d’une Lee au cœur débordant d’espoir ?
Dans l’ascenseur l’amenant à l’étage où elle prit une chambre, elle envoya un SMS pour prévenir son arrivée. Elle reçut peu de temps après, l’éternel « OK » de circonstance. Seule, face au miroir, elle se surprit à caresser ses lèvres en se rappelant le gout de celle de Lee. De son odeur intime aussi quand sa langue s’amusait de celles de son sexe mouillé et gonflé. Mais surtout, surtout, la demoiselle à l’hirondelle… Pensait Emma.
La demoiselle à l’hirondelle aimait ce qu’elle aimait en amour. En y repensant, ces mois de recherches intensives pour découvrir son identité, elle la connaissait presque par cœur.
Cœur. Maudit cœur. Son esprit la tourmentait de ces mots fusés sans y réfléchir, à ce « je t’aime » pouvant être véridique. Son index effleura une nouvelle fois sa lèvre avant de glisser jusqu’à l’hirondelle.
Sa belle à l’hirondelle. Sa proie…
L’ascenseur sonna son étage. Son visage sur le miroir ne semblait plus si enjoué, mais perplexe, pensif, perdu.
Sans s’annoncer, elle entra dans sa chambre où l’attendait son cocufié de mari. Elle jeta son sac négligemment sur le lit près de la salle de bain et alla s’asseoir sur le sien à côté de la fenêtre.
— Alors mon épouse fictive, tu l’as appâté ?
— Oh oui ! Demain soir, on commence les hostilités. On va l’avoir cette escroqueuse !
Cette phrase sonnait tellement faux et pourtant, ce n’était que la stricte vérité.
— Attention, ma jolie ! Ce n’est pas une débutante ! et le patron la veut sous les barreaux !
— Certes, mais je vois plus loin. Imagine que nous la mettions de notre côté pour avoir des infos sur ce type qui l’a fait chanter ? Nous ferions d’une pierre deux coups.
Le lieutenant de police Hermane réajusta sa chemise débraillée et posa sa cigarette consumée dans le cendrier près de son arme de service.
— Ne voyons pas trop grand ! Chaque chose en son temps. Déjà, faut qu’elle te fasse une confiance aveugle.
L’agent Hudson, alias Emma Durieux répondit par des « oui » de la tête. Elle écoutait à peine, ses pensées bien loin de cette chambre d’hôtel bien ennuyeuse. Elle espérait plus de sa prochaine rencontre avec l’escroqueuse qu’un simple rendez-vous pour l’amener à parler de sa pseudo affaire juteuse afin de truander son pseudo mari.
Ô oui !
La vilaine ! ce n’était pas professionnel …
FIN