Traductrice de romances lesbiennes
Solène Nahodha est traductrice « Anglais-Français » pour les livres de romances lesbiennes depuis 2019. Sa première collaboration avec une maison d’édition a été avec Reine de Cœur pour les livres d’une autrice nommée JAE.
Retrouvez les livres traduits via ce lien :
https://www.reinesdecoeur.com/etiquette-produit/jae-autrice/.
Bonjour Solène, j’ai eu le plaisir de te connaître lors du Nanowrimo de novembre dernier, au sein d’un groupe d’entraide et de motivation pour réussir ce défi. D’ailleurs, tu écrivais des nouvelles sur de la fantasy, que j’ai eu le plaisir de lire. C’est ta deuxième passion avec la traduction, n’est-ce pas ?
Solène : Effectivement, j’aime beaucoup écrire, surtout de la fantasy. Malheureusement, je ne prends pas toujours le temps de m’y mettre. Je me retrouve souvent distraite par ma moto ou mon kayak, qui réclament de partir en balade. Avec la traduction, j’ai une deadline, donc c’est plus facile de se motiver.
Le métier de traducteur est souvent méconnu, et c’est avec plaisir que j’en apprends davantage à travers les questions suivantes. Es-tu prête ?
Questions sur le métier de traductrice :
Comment as-tu découvert ta passion pour la traduction ?
Solène : Suite à mon coming-out, je lisais beaucoup de romances lesbiennes états-uniennes. J’ai souhaité en faire lire une à mes parents, qui ne parlent pas du tout anglais. Elle n’avait pas encore été traduite, alors je me suis lancée sur mon temps libre, avec l’accord de l’autrice. L’expérience m’a beaucoup plu. Ce projet n’a pas pu déboucher sur une publication, mais il m’a permis de mettre le pied à l’étrier et de travailler ensuite avec la maison d’édition Reines de Cœur.
Comment choisis-tu les projets sur lesquels tu souhaites travailler ?
Solène : Globalement, je m’aligne sur mes goûts de lectrice. Si un livre m’a plu, que j’ai envie de le recommander et de le faire lire, alors je suis partante pour le traduire. Jusqu’ici, j’ai eu de la chance, j’ai ressenti cette envie pour tous les romans que l’équipe de Reines de Cœur m’a proposés.
Quels sont les défis auxquels tu as été confrontée en tant que traductrice ?
Solène : Il y en a eu plein ! Au début, j’avais du mal avec les dialogues, car je lisais tellement en anglais que j’avais perdu l’habitude de les écrire à la française. Heureusement, ça va mieux désormais. Le challenge qui revient systématiquement, c’est celui des répétitions : elles sont plus facilement tolérées en anglais (américain) qu’en français, alors je dois jouer avec les synonymes pour les éviter. Enfin, le plus difficile (mais aussi le plus amusant), c’est de trouver l’équivalent en français aux diverses blagues, jeux de mots ou allusions proposées dans l’original, tout en restant bien dans l’esprit du texte.
Comment maintiens-tu la fidélité au ton et au style de l’auteur original tout en traduisant dans une autre langue ?
Solène : En premier lieu, j’essaie de m’écarter le moins possible de la version originale sur la ponctuation et la longueur des phrases. Ainsi, le rythme de l’autrice est respecté. Je veille aussi à utiliser le même niveau de langue, qu’il soit soutenu, courant ou familier. Enfin, si je suis obligée de dévier un petit peu, j’essaie de rester la plus fidèle possible à l’ambiance de la scène, notamment sur les passages humoristiques.
Quelles sont tes aspirations en tant que traductrice dans le domaine des romans lesbiens ?
Solène : J’aimerais continuer à traduire les romans de Jae, mais également avoir l’occasion de travailler sur d’autres projets, par exemple un livre d’une autrice britannique. En théorie, tout ceci devrait se concrétiser en 2025, alors je croise les doigts ! À plus long terme, il me plairait bien d’en faire mon métier à temps plein, mais ce n’est pas pour tout de suite.
Quels outils ou ressources utilises-tu pour faciliter ton travail de traduction ?
Solène : J’utilise évidemment un dictionnaire anglais-français dès que la traduction précise d’un mot m’échappe. À travers des recherches sur internet, des films ou des livres, j’essaie aussi de me familiariser avec le vocabulaire de l’univers où se déroule la romance. Par exemple, je viens de terminer une traduction où un personnage était humoriste, j’ai donc regardé des reportages sur le stand-up. Enfin, j’utilise le logiciel Antidote afin de repérer les répétitions et de les éliminer au maximum.
Comment organises-tu ton temps de travail et tes projets de traduction ?
Solène : La traduction occupe environ la moitié de mon temps de travail et de mes revenus depuis cette année. Je complète cela avec un poste d’AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap), ce qui signifie que je traduis le midi, le soir après l’école, et pendant les vacances scolaires.
Quelles langues maîtrises-tu, en plus de l’anglais et du français ?
Solène : Aucune ! J’ai appris l’allemand à l’école, puis étudié le swahili pendant mes études, malheureusement, j’en garde très peu de souvenirs.
As-tu rencontré des surprises ou des découvertes intéressantes en traduisant des romans lesbiens?
Solène : J’ai la chance de traduire Jae, car elle est toujours très pointilleuse dans ses recherches. On apprend toujours des choses en la lisant, par exemple grâce au métier de ses personnages ou à leur parcours de vie.
Comment mesures-tu le succès d’une bonne traduction selon toi ?
Solène : À partir du moment où les lectrices ont pris plaisir à lire, je considère que ma mission est réussie. Mais c’est en réalité un travail collectif pour arriver jusque-là : comme lors de la publication de n’importe quel roman, l’équipe de la maison d’édition joue un rôle absolument décisif, ainsi que la correctrice et les bêta-lectrices.
As-tu un site, des réseaux sociaux ?
Solène : Je suis sur Instagram, où j’évoque régulièrement mes (més)aventures d’autrice et de traductrice.
Je te remercie d’avoir répondu à toutes mes questions. Solène, je te souhaite de réussir dans ce domaine et d’en faire ton métier.
Mais que dis-je, il reste une question subsidiaire, alors Solène, quel genre de Traductrice es-tu ?
Solène : Traductrice aventurière, sans hésitation !
Traductrice Express : « Je traduis plus vite que la lumière, mais parfois mes doigts ne peuvent pas suivre mon cerveau ! »
Traductrice Aventurière : « À chaque nouveau livre, je m’embarque dans une aventure linguistique. Qui a besoin d’une carte quand on a un dictionnaire ? »
Traductrice Détective : « Je traque les nuances linguistiques avec une loupe. Mes indices préférés ? Les jeux de mots subtils et les subtilités culturelles ! »
Traductrice Magicienne : « Je transforme les mots anglais en français avec un coup de baguette magique. Mes potions secrètes ? Café et chocolat ! »