Jeu de mains, jeu de vilaines !
Chapitre 1 : La bourgeoise incendiaire
Bienvenue au Wynn
« Il n’y a rien au monde comme Las Vegas –
et il n’y a absolument rien à Las Vegas comme le Wynn. »
Le Wynn, un luxueux hôtel casino de Las Végas, si ce n’est le plus chic. Endroit parfait pour des rencontres amicales, professionnelles ou… plus intimistes.
Les machines à sous grisaient sous les doigts vaniteux des joueurs et les tables de mise fourmillaient sous la fougue des clients sous adrénaline. Les dollars brillaient dans les yeux de tous, personne n’y réchappait, le voulaient-ils seulement ?
Les rires défiaient les infortunés perdants sur un jet de dé majestueux ou une paire de cœurs dénués de valeur.
L’argent des jeux ?
Le coup de poker des baisers volés cachés des yeux libidineux ?
Les rencontres d’un soir pour une affaire à la clé ?
Ainsi vivait-on dans le monde des casinos.
23 h 35 à sa montre, une Rolex de toute beauté à son poignet mettait en valeur sa prestance naturelle. En or jaune, sertie de 24 diamants dont le prix en affolerait plus d’un. Les connaisseurs de ce genre de bijou de luxe lui offraient des œillades appréciatrices. Certes, les sourires qui les accompagnaient montraient des pensées bien moins chastes.
Cependant, aucun n’osait s’aventurer à l’aborder. Son aura de prédatrice sûre d’elle, aurait-il eu raison de leur virilité ?
Vêtue d’un costume noir deux-pièces, très féminin, au plongeant plus qu’évocateur, elle savait comment y faire pour que sa présence ne passe pas inaperçue. Elle portait un collier en or d’une qualité indéniable autour du cou dans la même lignée que la Rolex.
Un collier long, très long.
À son extrémité une magnifique hirondelle ornée d’une émeraude d’un vert si pur qu’on la croirait véritable. Peut-être était-ce le cas.
Quoi qu’il en soit, l’oiseau aux mille convoitises restait bien au chaud entre les deux vallons accueillants que leur propriétaire gratifiait d’un soutien-gorge blanc crème en dentelle affriolante. La dame n’aurait-elle pas de chemisier sous sa veste ?
Un maquillage léger mettait en valeur ses yeux en amande d’origine asiatique et son visage aux traits fins. On sentait d’elle, à par sa fragrance fleurie, une femme prête à tout. Les jeux d’argent coulaient dans ses veines.
Assise à la table de « Black Jack », cette flambeuse d’une trentaine d’années, aux cheveux châtains qui tombaient sur ses épaules avec grâce, manigançait-elle cette mise en scène pour attirer les regards ?
Une certitude, mais pas de n’importe qui !
Celui de cette bourgeoise en robe moulante d’un rouge flamboyant montrant des formes assumées. Cette couleur brillait également sur ses lèvres pulpeuses au sourire charmeur à souhait. Le galbe de sa jambe gauche, se dévoilant à chaque pas d’une lascivité envoutante, faisait papillonner les yeux. Et cela, jusqu’à sa cheville d’une outrageante finesse ou une chainette en forme d’un serpent doré, l’entourait de sa possessive présence.
À l’heure comme toujours.
Elle descendait les marches du casino dans un déhanchement si sensuel que la flambeuse de « Black Jack » ne pouvait être qu’amarrée à ses yeux bleus hypnotiques et évidemment à ce corps voluptueux tout à fait à son gout.
L’une comme l’autre cherchait cette inconnue qui sut créer des envies d’un… plus. Et la trouva.
Une œillade tentatrice et complice échangée.
Un sourire aguicheur offert, un sourire arnacoeur rendu.
L’affaire était entendue.
Quatre soirées de suite où les regards explicites, les frôlements discrets et paroles évocatrices lancées avec finesse, rythmaient leur rencontre tout en retenue. Plus qu’obligatoire, car la belle fortunée incendiaire à la robe échancrée arpentait les tables de divertissement auprès de son mari. Qui, selon les langues bien pendues, aurait la réputation d’un coureur de jupons.
La femme cocue trompait l’infidèle avec autant de ferveur, susurrait-on ! Des rumeurs…
Mais jamais, elles ne flirtaient quand le trompeur trompé montrait le bout de son nez. Chaque couple avait ses petites habitudes allions-nous dire. La dame aux courbes anoblies de rouge ne jouait guère à ces truculents jeux de hasard. Son rôle dans ces soirées ennuyeuses, selon les discussions entre gentlemen, ne servait qu’à aider son mari à conclure certaines de ses affaires en montrant une femme craquante et à croquer.
À croquer ? Certes non ! au grand damne de certains messieurs, par contre, par une croqueuse…
Ennuyeuses ? Pas ces derniers jours. L’impatience la menait au point de revenir fouler les tapis du casino, seule à la recherche de cette joueuse assidue qui sut alpaguer son intérêt. Et… envahir ses pensées plus que coquines à en tremper ses draps de velours.
Ce soir, serait-ce le moment propice pour dévoiler son jeu ? La belle bourgeoise aux cheveux d’ébène coupés en carré marchait vers la source de ses rêves érotiques. Les hommes s’effaçaient à son approche en courbant la tête avec respect. Hautaine, elle les ignorait par plaisir de les voir ramper à ses pieds en espérant un signe de sa part. Un jeu, tout n’était que jeux ! un éternel refrain ennuyeux ressenti dans le moindre de ses soupirs.
Ses doigts gracieux aux ongles manucurés effleuraient le rebord en bois massif de la table de » Black Jack » sur toute sa longueur en fixant sa future conquête avec convoitise. Ses pas l’emmenèrent vers le siège de la joueuse au regard fougueux. Cette dernière eut un sourire en coin tout en se levant de son siège haut par courtoisie. Une excuse aussi de l’avoir au plus près d’elle.
La femme adultère mit son fessier sur l’assise très confortable du fauteuil, aidée par une main chevaleresque. Qu’elle saisit avec délicatesse en savourant cette peau doucereuse. L’infidèle que nous appellerons Emma, posa son sac à main sur le rebord de la table avec une fausse candeur.
La flambeuse, que nous nommerons Lee, attentive au moindre désir de la belle convoitée, s’approcha au plus près de cette invitée tant attendue et avec une confiance désinvolte ordonna au croupier de lui envoyer de nouvelles cartes.
Lee en profita pour toucher avec discrétion le dos nu de sa dernière conquête qui tourna la tête vers elle en signe d’appréciation. Cette dernière, encore frémissante, savourait cette délicieuse petite caresse innocente. Pardon… coupable.
— Il me tardait de vous revoir. Murmura Emma dont les yeux se perdaient dans le décolleté qui s’offrait à son orgueil dépravé.
— Cette attente était réciproque ! Et monsieur ? interrogea la joueuse qui souleva les cartes pour apprécier le résultat. Vous me portez chance ! lui souffla-t-elle en la gratifiant d’un sourire plus qu’enjôleur.
La riche dame au cœur bouillant posa sa main sur celle qui osait l’amadouer de la sorte, qu’elle frôla au passage pour soulever les fameuses cartes. Emma émit un léger rire amusé qu’elle cacha de sa main ornée de bagues somptueuses. Elle tourna son visage vers celui si proche de la demoiselle et lui murmura : — En effet ! Ne devrais-je pas être récompensé ? Et pour cette question épineuse, mon mari arrivera en fin de soirée. Profitons de cette liberté pour mieux faire connaissance.
D’un sourire éloquent, Lee retourna les cartes qu’elle plaça devant l’employé du casino, accapara les jetons de son gain qu’elle mit dans ses poches. Sans attendre plus longtemps, elle aida l’incandescente femme mariée à descendre de sa chaise. Sa main se perdit sur les hanches d’Emma qui accepta ce geste de possession, une faveur qu’elle lui laissait par pur plaisir de sentir ses doigts sur son corps. Une prémisse…
Un serveur passa près d’elles, la joueuse lui vola deux coupes de champagne qu’elle offrit à sa partenaire pour plusieurs mois si tout se déroulait comme elle le souhaitait. Silencieuses, elles prirent le chemin du jardin auréolé de lumière et d’un petit lac auprès du restaurant de l’hôtel, loin du brouhaha des machines à sous, des cris des vainqueurs, et surtout du désespoir des perdants.
La plupart des clients étaient au casino, les deux femmes savouraient cet instant de tranquillité avant d’entamer la suite de leur petit jeu. Lee écoutait religieusement les paroles de l’infidèle qui lui expliquait la situation de son mari dans le monde des affaires. Des informations enregistrées dans sa mémoire même si en extérieur, Lee ne semblait pas y faire attention. Son regard ne fixait que le visage angélique de cette femme ayant passée la quarantaine, mais oh combien sexy. Elle faisait bien plus jeune.
Soudain, Emma s’arrêta pour faire face à son accompagnatrice. Les commissures de sa bouche envieuse se soulevèrent, un éclat de malice dans ses yeux ensorcelants.
Elle voulait jouer…
Son index glissa dans sa coupe de champagne et déposa avec une lenteur calculée une goutte sous chaque oreille. Emma se mordait la lèvre inférieure pour calmer son ardeur naissant dans le bas ventre. Elle désirait enfiévrer sa partenaire en devenir. Un souhait qu’elle allait exaucer coûte que coûte. Ce qu’elle voulait… finissait entre ses jambes.
Avant que la riche nantie n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche pour émettre une parole sous-entendue, Lee la joueuse de Black Jack la prit par la taille pour l’attirer contre elle. Avec une infime douceur pour entretenir cette illusion éphémère qu’elle lui appartenait en cette minute. Les yeux dans les yeux, leurs lèvres se rapprochèrent à se frôler. Un tout petit effleurement qui généra des frissons incontrôlables chez ces dames aux corps enflammés de désir.
Pas de baiser, pas encore…
L’aventureuse Lee lui lécha avec indécence l’endroit où l’alcool agrémentait de son parfum la dame au portefeuille bien garni. Cette dernière laissa échapper un gémissement impromptu, accompagné d’un haussement de poitrine créé par la surprise de ce geste… sensuel… De son point de vue.
Et certainement pas passé inaperçu aux yeux en amande de la coupable qui la fit vaciller à ce point et qui lui susurra d’une voix suave :
— Exquis !
L’incendiaire bourgeoise en ferma les siens de contentement, des images affolantes envahirent son esprit concupiscent. Quand Emma les ouvrit, ce fut pour entrevoir son mari passé à l’entrée du casino, il la cherchait.
— Il est là ! murmura-t-elle à l’attention de sa future amante pour qu’elle s’écarte.
Frustrée, Lee s’exécuta pour éviter tout problème majeur. La femme mariée sortit de son sac à main une carte de visite pour y noter :
« Venez au bar de l’hôtel demain, à 22 h 30. »
Et elle rajouta de vive voix :
— Mon mari s’absente pour quelques jours. Mon numéro est au dos.
Sans attendre davantage, Emma glissa ladite carte sous le bonnet du soutient gorge de la jeune arriviste, puis tapota doucement sur la poitrine appétissante. Elle aurait pu arrêter ici, mais son doigt suivit la courbe du sein jusqu’à l’hirondelle nichée sous la dentelle.
— Je lui rendrais sa liberté ! Murmura-t-elle sous les yeux envoutés de sa future partenaire appréciant son audace et dont la grande inspiration en fut la réponse. À demain donc ! Je compte sur vous !
Aucune réplique possible, elle s’en alla prestement pour rejoindre son époux, heureuse de son effet.
Lee fixa les courbes de l’ardente dame vouée à un autre se déhancher avec sensualité, certainement pour lui offrir un avant-goût du bonheur en cette fin de soirée qui en promettait de nombreuses entre elles deux. Elle prit la carte de visite au nom du mari et lut le message à son intention.
Un sourire indéchiffrable apparut sur ses lèvres. Elle embrassa la carte, aspira l’odeur fruitée qui s’en dégageait puis la rangea soigneusement au même emplacement, sous sa dentelle.
Son téléphone bipa.
— Hello, Lee ! Alors ?
— C’est bon mon grand ! Demain soir, on commence le jeu.
— Je ne le sens pas ! Y a quelques mois, on ne les connaissait pas ! Nous devons être plus prudents, la dernière fois a failli sonner le glas pour notre escroquerie !
— N’ai crainte ! Dès que la confiance se sera installée entre nous, son mari aveuglé par le gain plongera tête baissée dans notre stratagème. Avec l’aide de madame bien sûr.
Un soupir résonna dans le combiné. Si son partenaire lui débitait ses éternels conseils de prudence, elle ne l’écoutait plus. Cette indécente infidèle lui avait mis le feu ! Son attouchement la faisait encore titiller d’envie. Elle raccrocha en imaginant la suite… demain.
— Emma, tu es à moi. Se murmura-t-elle.
Emma Durieux, sa proie, sa maitresse. Les nuits allaient être enivrantes et les journées excitantes.